Anne-Charlotte Finel
Connue depuis plusieurs années pour son exploration des thèmes du paysage et de l’environnement, Anne-Charlotte Finel filme souvent la nuit ou dans cet interstice entre « chien et loup » des mondes sans être humain mais qui portent toutefois la trace de constructions.
Ses œuvres au grain pixellisé possèdent alors une plasticité trouble et révèlent une forme d’abstractisation de l’image. Après une longue période noir et blanc, elle vient de produire récemment plusieurs œuvres où la couleur s’est introduite comme dans Hors Sol ou L’oeil du python. Les bandes sons qui impulsent un rythme particulier à ses image-mouvements sont le fruit d’une collaboration avec Polar Inertia, collectif de techno underground.
L’oeil du python a été réalisé pendant le confinement et a été présenté au musée Bourdelle à l’occasion de la Nuit Blanche en octobre 2020. Anne-Charlotte Finel a pu filmer dans l’atelier un python albinos d’origine brésilienne, domicilié à Paris. Les serpents albinos sont modifiés génétiquement par l’homme à des fins mercantiles et suscitent un grand intérêt. Elle travaille particulièrement à observer la façon dont l’homme s’empare de la faune, la flore voire les paysages et influe dessus. Elle mène aussi une réflexion sur les bêtes mal aimées comme les araignées d’eau (Gerridae, 2020) ou les serpents. Elle a travaillé ces dernières années sur la question des extrêmes allant du très grand paysage à des échelles bien plus microscopiques. Elle revient toujours à la question de l’animal ainsi depuis 2015 avec Chien et loup ou Molosse en 2016.
Ici, l’animal fascinant se déploie sur trois mètres de long et se déroule en quelque sorte comme le principe de la boucle en vidéo. Dans un effet de gros plan resserré, l’artiste utilise une caméra qui continue de créer un effet de pixellisation. Les écailles rejouent la matière de l’image et permettent à un espère de dialogue de s’opérer. Cet effet monstrueux est accentué par la bande sonore qui ajoute une tension supplémentaire. Il s’agit d’une création originale menée comme à chacune de ses productions depuis une dizaine d’année avec Luc Kharadmand, alias Voiski. musicien et producteur de musique électronique, qui crée des sons synthétiques spécialement conçus pour les images dans des productions originales. La musique ajoute une tension et une dramaturgie d’inspiration romantique aux images insufflant des rythmes. Pour cette vidéo qu’il a conçu comme une atmosphère sonore de jungle synthétique il emprunte à des bandes sons de blockbusters comme Jurassic Park contribuant davantage à l‘effet repoussant de cette créature aux couleurs douteuses (jaune et blanc).
Anne-Charlotte Finel (1986)
L’Œil du python, 2020
Vidéo, musique de Voiski, 4’ 44’’, Edition1/5